Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak, concert salle Gaveau, le 21 février 2019




En 2001, costume ultra romantique, cheveux longs, longs, longs, visage d’ange, programme époustouflant, Roberto Alagna donnait un concert triomphal à Gaveau.


Le 21 février 2019, au profit de la fondation Prince Albert II de Monaco, il revient. Plus classique, toujours élégant, romantique toujours, il partage la scène de cette petite salle de charme avec une Aleksandra Kurzak rayonnante.
Celui qui est davantage qu’un brillant pianiste, Yvan Cassar, les accompagne au piano.



Dans la salle, où S.A.S. le prince Albert II de Monaco assiste au spectacle, le parterre est réservé aux invités. Contrairement à d’autres concerts où il n’y a pas de places payantes et où, de force et mauvais gré, on est rejeté dehors, là, on pouvait louer aux balcons.
Mettre la main sur le programme, c’était une autre histoire.
Le soir même, personne ne l’avait, aucune grogne ne s’en suivit ; au contraire, les payants se prenaient pour des gratuits qui ont juste à remercier et rien à demander puis qu’invités à une soirée qui fut exquise.


Une vidéo pas trop longue a été projetée au début pour expliquer les buts de la Fondation.
Stéphane Bern a cité les artistes, le pianiste Alexander Gadjiev en première partie, ensuite Aleksandra Kurzak et Roberto Alagna.
Certains lui ont reproché à tort de ne pas avoir présenté Roberto Alagna. Il avait bien raison, on ne présente pas Roberto Alagna au public de Gaveau.


Tendre et rieuse, émouvante, moqueuse et grave tour à tour, Aleksandra jouait et chantait filant des notes interminables avec un souffle doux et savoureux ; alors, s’il y en a qui vous demandent si, lorsque son talon aiguille s’est pris dans les plis de sa robe, c’était un jeu de scène ou pour de bon et si Nemorino, cachant ses chaussures dans son dos, la taquinait pour rire ou pour de vrai, répondez que ces divins parfois aussi se craquent un talon, se déchirent une robe, mais qu’une chose est certaine : sur scène tout est vrai, c’est à la ville que, souvent, on a le toc et le faux semblant.
En contraste avec l’unité de leur concert Puccini du T.C.E., les morceaux choisis pour Gaveau couvrent la gamme du gai au tragique, du comique, de l’humour au sérieux, à la tendresse, à la passion, festival des sentiments qui met l’allégresse dans la salle.


Aleksandra s’est coulée dans cet enchaînement où elle passait des profondeurs de l’émotion à la légèreté du rire avec un parfait naturel, Roberto Alagna, et ce n’est pas sa femme qui triomphe avec lui qui me contredira, est unique dans cet exercice d’acrobatie vocale et physique où le plus émouvant des chanteurs donne à voir un incroyable farfadet. Est-ce qu’il s’amuse en même temps que le public lorsqu’il chante, en français, le petit âne (qu’il donnait en italien)  ? et qui d’autre que lui, après avoir fait monter des larmes de tendresse de don José et d’Otello aux yeux de la salle, se jette par terre, éméché et rieur, avec la bouteille de Nemorino, se relève avec une vivacité de vingt ans, des gestes d’une grâce sur laquelle les années n’ont pas de prise, jongle avec les talons aiguille d’Adina, danse en chantant comme il l’a toujours fait, chante en souriant, porté par un élan heureux de tout l’être qui le possède et emporte le public dans le bonheur.Séduisants chacun de son côté dans les airs qu’ils chantent seuls, dans les duos, leurs qualités qui se rencontrent, se complètent – et divergent juste ce qu’il faut pour en exalter le piquant.
Leur chant donne à voir sur scène ce qui les lie l’un à l’autre à travers l’amour de leur métier, une confiance qui n’est jamais si noble que lorsque le travail est une passion dont chacun se grandit et dont on se grandit ensemble.

Conclusion en forme d’annonce :
Prélude à Otello qu’ils vont donner à Paris (première le 7 mars 2019), ils ont chanté le sublime duo du baiser, scène 3 Acte 1.


Aleksandra Kurzak avec Ivan Cassar et Roberto Alagna.

©texte et photos Jacqueline Dauxois

Une réflexion sur “Roberto Alagna et Aleksandra Kurzak, concert salle Gaveau, le 21 février 2019

  1. Merci Jacqueline Dauxois pour ce magnifique compte rendu de ce concert!
    Les répétitions d’Otello ont elles été bonnes ?
    Oui si j’en juge d’après les critiques élogieuses qui ont accueilli les 2 premières prestations !
    J’attends vos prochains commentaires d’ Otello pour finir mon dossier Otello !!!!

    Avec toute mon amitié. Gina
    ginacanaque@gmail.com

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