Lorsque l’auteur de « La Boum» publie « Nice-Ville », il nous convie à une promenade dans une ville qui lui est familière, feuillette pour nous un album de cartes-postales anciennes qu’on regarde avec nostalgie, nous fait rencontrer une galerie de personnages, illustres ou inconnus, passés et actuels. Si par-dessus son épaule, il nous permet de lire des articles parus dans divers journaux, il partage aussi ses découvertes gastronomiques et touristiques le long d’un parcours tendre et amoureux, divers et multiple, qui culmine dans le prénom aimé, celui de l’écrivain qui est sa femme, Anne-Sophie, la mère de Yannis : « Nous sommes allés si souvent seuls à Nice sans nous connaître que marcher ensemble aujourd’hui dans la ville nous semble un miracle doux et silencieux ».

C’est avec elle, qui n’aime pas les fruits de mer, qu’il nous fait parcourir la vieille ville, grimper dans le bus 100, qu’il aimerait conduire, écrit-il, (mais comment supporterait-il la voix enregistrée nasillarde qui claironne à chaque arrêt : « next stop » ?) descendre à Monte-Carlo parce qu’ « à Monaco, c’est comme en Russie. On peut critiquer le régime, mais il vaut mieux ne pas le faire. J’aime ces deux pays dirigés par deux grands sportifs : le hockeyeur sur glace Poutine et le champion de bobsleigh Grimaldi. L’un et l’autre amateurs de sportives : Vladimir les gymnastes et Albert les nageuses. La devise de Monaco : « Avec l’aide de Dieu « . Avec l’aide de Dieu l’immobilier marche bien. »

Le texte scintille de cet esprit qui nous manque tellement depuis des mois de sinistrose organisée. Il est truffé d’humour, de réflexions à l’emporte-pièce, de ces fulgurances narquoises et provocatrices qui vous jettent au visage des vérités qu’on voudrait, parfois, se cacher – qui sont la marque de Besson.
Voyage dans l’intimité d’un écrivain pudique, qui feint de tout dire pour mieux se cacher, « Nice-Ville » pétille. On le lit comme on boit du champagne. Sans aucune modération.

© Jacqueline Dauxois