Alagna, à Saint-Étienne, concert « Carte Blanche » le 15 mai 2022

Saint-Étienne, qui fut ceinturée de monastères et conserve une épine de la Sainte-Couronne, la ville des armes, des mines, de la Manufacture est devenue celle du design.

Il y a un Opéra. Sur une colline.

Le dimanche 15 mai 2022 Roberto Alagna y donne un concert pour la deuxième fois.

Samedi.

Le concert est à 5 heures, demain. Le train… Direct, pas direct… Si on n’aime pas les réveils à 4h du matin, on couche à Lyon ou Saint-Étienne.


À Saint-Étienne, le chemin grimpe, torride, vers l’Opéra. Un faux raccourci conduit à une piscine taguée, porte défoncée, savoir ce qu’il y a dedans… ou pas savoir, demi-tour à toute vapeur. Des rhododendrons en fleurs font rêver au lac de Côme à Stendhal, Fabrice del Dongo, la Sanseverina, un autre monde, celui de l’opéra.

Mais l’Opéra, qui, de loin, montre un petit toit amusant aux extrémités retroussées, de près n’est qu’un cube. Il est fermé. Donc, les billets, pas avant demain.

En ville aussi tout est fermé, même les sushis et les kébabs. On te l’avait bien dit de loger dans le nid à hôtels modernes qui a poussé en face de la gare (j’ai tapé guerre, alors que je ne croyais pas y penser) et de ne pas t’obstiner à vouloir un hôtel au centre.

Promenade jusqu’à la nuit. Faim. Mais je peux tenir longtemps sans manger et sans boire. En rentrant à l’hôtel, un  Leader Price ouvert. Jus d’orange et sandwiche pas bon.

Dimanche.

Comme la veille, tout est fermé. Pas un café forésien ouvert. Seul, comme partout, Paul. Ruee vides. Boutiques fermées. Un coin de rue avec du charme. Une  architecture qui hésite. De bonnes restaurations. De tristes destructions. En face d’une église gardée par vigie pirate, trois malabars en arme et une petite vieille cassée en deux qui leur arrive à la taille et va faire ses dévotions. Le prêtre arrive, dostoiewskien, soutane et barbe touffue. Plus haut, le marché ouvert, gai et rempli de nourritures.

À 4 h, billet récupéré.

Avant le spectacle, tout est désert encore, la salle, la scène. Les pupitres des musiciens sont en place. L’espace désert est saturé d’attente.

Il y a huit jours, Roberto Alagna donnait son second Lohengrin à Berlin. Le 7 mai 2022, il donne un concert à Saint-Étienne : « Carte Blanche ».

Un titre sans fracas, un programme, comme tous ses programmes, ébouriffant, qu’il chante en cinq langues avec une aisance souveraine (dans Sadko il passe du russe au français avec une si incroyable facilité qu’on s’image, tout à coup comprendre le russe), une splendeur vocale qui, comme à Berlin, a transporté la salle, debout et trépignante, lui réclamait toujours davantage de bis. Il en a chanté trois.

© Jacqueline Dauxois

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