ALAGNA DANS AL CAPONE

LE SHOWCASE DU 31 MARS 2022

chapitre 1

RÉSOUDRE LES CONTRADICTIONS

LA PRODUCTION

La surprise l’année prochaine, c’est Roberto Alagna dans Al Capone, un spectacle musical de Jean-Félix Lalanne.

Roberto Alagna n’a jamais participé à une comédie musicale quant au « gangster des gangsters », s’il a inspiré livres, films et chansons, jamais il n’a été imaginé sous les traits d’un chanteur.

C’est donc à une double première mondiale que Jean-Marc Dumontet convie Paris, le 28 janvier 2023, aux Folies Bergère, dans une production dont on a pu lire dans la presse qu’elle coûte 5 millions.

UNE ANNONCE QUI FRACASSE

« Musical » et Al Capone sont deux mots qui se cognent l’un à l’autre. On s’étonne, la curiosité s’excite toute seule, l’imagination se déploie.
Pour les cinéphiles, Howard Hawks et Brian da Palma les ont rendus définitivement contradictoires.
Cette conciliation/réconciliation, c’est Jean-Félix Lalanne, auteur du livret et de la musique, qui la résout.

Mais ce n’est pas la seule.

Celle qui fracasse, c’est l’autre  : Al Capone c’est Alagna.

Ci-dessous :
dans la loge des Folies Bergère, la balafre de Scarface sur la joue d’Alagna.

Stupeur de ceux qui l’imaginaient en incorruptible Eliott Ness, faisant tomber l’un des truands les plus célèbres de tous les temps, qui le voyaient déjà vainqueur de l’ennemi public numéro 1 de l’Amérique, roi de la pègre, maître des bas-fonds du Chicago de la Prohibition, proxénète, tueur, que la curiosité morbide du public et les frissons d’effroi garantis à écouter ses sinistres exploits, ont rendu célèbre dans le monde entier.

Alagna, c’est Al Capone !
Un choc.

C’est pourtant logique, puisque c’est le rôle-titre.

Mais Alagna dans le rôle de ce méchant entre tous : Impossible.

Alors ?

UN DÉFI D’ALAGNA

Il  aime aller où on ne l’attend pas, se surprendre lui-même avant d’étonner son public pour l’entraîner là où il n’a pas l’habitude.


Il est l’homme du défi.

Ci-dessous :
Roberto Alagna aux Folies Bergères, pendant le tournage(voir le chapitre2),
le 31 mars 2022
.

Un jour de sa jeunesse, il a quitté les cabarets de Montmartre pour les Opéras les plus prestigieux du monde. 

Un jour de sa maturité, sans abandonner les scènes où resplendit son chant lyrique dans toute sa beauté, il va, pour quelques mois, étourdir celle d’un des music-hall les plus célèbres au monde : les Folies Bergère.

L’aventure est passionnante.

Il reste peut-être, allez savoir, quelque part derrière la tête, une espèce de… vraiment on ne sait ce que c’est, car d’un côté, les mots : réserve, hésitation, trouble sont trop forts ; de l’autre, esquiver ce « quelque chose » n’est pas très reluisant.
Il est évident que, pas plus que n’en posent ses tournées, cela ne pose aucune question d’attendre son spectacle aux Folies Bergère. C’est autre chose qui peut… troubler, et on y revient, Alagna ne peut pas incarner un méchant.

Alors ? Alors ?

Deux évidences se cognent l’une à l’autre, c’est un casse-tête si l’on s’en tient (et on s’y tient) à la certitude qu’aucune des images qui s’incarne dans Alagna (du ténor romantique au crooner sous sa casquette), n’est superposable à celle d’un criminel tueur et crasseux.

Alors ? Alors ? Alors?

C’est lui qui va résoudre l’équation.

 Le fait qu’il s’est engagé, lui, alors qu’il sait mieux que personne qu’il est impossible de faire coïncider Al Capone avec tout ce que véhicule son nom et sa personne, prouve qu’il a la clef.
Lui faire confiance les yeux fermés (il n’est pas question de poser des questions sur un spectacle qui, hormis ce showcase, doit garder ses secrets jusqu’en janvier 2023), n’interdit pas de chercher à quoi elle ressemble.

Ci-dessous :
à gauche, Jean-Félix Lalanne ; au centre, Roberto Alagna ; à droite, Anggun.

Il est certain qu’il va se passer quelque chose pendant les répétitions du Showcase. Quelque chose qu’on peut deviner parce qu’il a largement balisé le chemin.

Alors que Pavarotti refusait de chanter Pinkerton et Otello, des méchants, lui, il les a incarnés – et avec quelle fureur d’amour !

Il change Pinkerton en un officier émouvant, son Otello échappe à un immémorial conformisme de stupide aveuglement pour devenir un fascinant héros torturé à mort par la jalousie d’amour. Il fait oublier l’égoïsme de Calaf etc.

Il est le transfigurateur de ses personnages.

Donc, le paradoxe est résolu et l’impossibilité surmontée.

Ci-dessous :
pendant les répétitions des saluts.

Il en fait la démonstration pendant les répétitions du showcase : Ce n’est pas lui qui se rapproche d’Al Capone : il a alagnisé Capone.
Sur scène, il peut être violent, féroce, il peut tuer et se tuer. Sur la rampe de lancement de Jean-Félix Lalanne, la fusée Roberto Alagna va créer un Al Capone transfiguré. Ce sera, c’est déjà passionnant.

Le dimanche 24 avril 2022
Ce soir devait être son premier « Lohengrin »., à Berlin, au Deutschoper Unter den Linden. Il ne pourra pas le chanter, ayantattrapé la Covid pendant les répétitions.

© Jacqueline Dauxois

A suivre au même emplacement :

1) Al Capone au cinéma de Haward Hawks à Biran de Palma,

2) les répétitions du Showcase, jour après jour.