Biographie en cours d’écriture
J’ai commencé par des poèmes et j’ai depuis écrit et publié plus de trente romans, biographies et documents dont certains ont été traduits ou adaptés.
Parallèlement à des études universitaires,
-Doctorat de troisième cycle en littérature, félicitations du jury, (la Sorbonne, Paris),
-Sciences Politiques , mention très bien (Aix),
-École du Louvre (Paris),
-DEA de cinéma (Paris),
-Théologie dogmatique (Paris),
-Bioéthique médicale (Marseille),
j’ai été journaliste, reportages et littérature au Matin de Paris, au Quotidien de Paris à La Croix, au Magazine littéraire et aux Cahiers du cinéma, dans le revue Europe, j’ai occasionnellement enseigné, à sciences-po (Aix-en-Provence), dans une école de journalisme (Paris) et à l’École Centrale de Paris.
A Marseille, septembre 2017
Ma biographie, ce sont mes livres, ils sont moi et je suis eux. C’est après avoir publié l’un d’eux : « Quatre Saisons avec Roberto Alagna », que j’ai commencé un site.
Une signature, octobre 2017.
Printemps 2017, pendant la promotion des « Quatre Saisons avec Roberto Alagna ».
Ci-contre, une de mes photos d’Otello servait de fond de décor à l’émission.
Ci-dessus, quelques salons du livre, automne 2017.
Ma biographie, ce sont mes livres, ils sont moi et je suis eux.
Vienne, 2018.
Premiers pas à Paris…
Je n’ai jamais voulu qu’écrire, rien d’autre. Il fallait faire des études. J’en ai fait. A l’époque, on pouvait s’inscrire à trois facs à la fois sans jamais y mettre les pieds. Je ne m’en suis pas privée. A vingt ans, j’écrivais déjà depuis longtemps. Des poèmes, des nouvelles, un roman, deux, trois, quatre…
Des diplômes universitaires. Le premier, sur Cocteau, la création du sortilège dans les textes et au cinéma. J’aurais continué, mais l’héritier, devant une malle remplie de manuscrits, m’a dit qu’il les gardait pour lui.
Une thèse sur Vercors. L’homme dont la tête avait été mise à prix lors de la publication clandestine, aux Éditions de minuit qu’il venait de créer, de son premier roman : »Le Silence de la mer ». Le livre, en pleine guerre, avait été parachuté sur Londres. La question du manuscrit était réglée, il l’avait détruit. Melville en avait tiré un film. Vercors m’a donné le manuscrit du scénario annoté.
Déjà, j’avais dans une main un stylo (pas d’ordis à l’époque), et, dans l’autre, un appareil de photo. Je l’ai photographié pendant un des séjours chez lui (ci-dessous).
Il m’a donné une photo, ci-dessous, où il est devant la maison du Silence de la Mer.
Mais, quand je l’ai connu, il en avait une autre, un moulin, à Faremoutiers (photo ci-contre).
Ci-dessous : Sur les marches d’une cathédrale,
il essaie de réparer mon appareil
en profitant des conseils de sa seconde femme.
J’ai soutenu ma thèse, mention très bien et félicitations du jury .
Un peu plus tard, une étudiante italienne a soutenu une thèse à l’Université de Gênes, sur mon deuxième roman, Rocaïdour.
Ci-dessous : l’Université de Gênes, à la sortie de l’épreuve. Je suis la troisième à partir de la droite. A ma droite, Marina Donati, qui vient de réussir brillamment sa soutenance sur mon deuxième roman, Rocaïdour.
Son avant dernier appartement était rue du cardinal-Lemoine. Cinquième sans ascenseur. Ensuite, il a passé la Seine pour s’installer dans l’île, un rez-de-chaussée.
On a posé une plaque pour lui sur la passerelle des Arts.
Ci-dessous, à Paris avec Vercors , rue du Cardinal-Lemoine.
J’aimais bien écrire un diplôme, un autre, une thèse, c’étaient des découvertes, mais ce qui me passionnait, c’était l’autre écriture : des poèmes, publiés à seize ans, des nouvelles dans la revue Europe, et mon premier roman, Le Gardien de la mémoire, chez Julliard.
Entre le mémoire sur Cocteau et la thèse sur Vercors, pour la soutenance de sciences-po, j’ai écrit smon diplôme sur Naples et le royaume des Deux-Siciles, à l’époque de la reine Jeanne et du roi René. L’Italie, depuis que j’y avais mis pieds pour la première fois, à 5 ans, c’était ma terre d’élection, mon inusable passion. Il faut que je retrouve, pour les insérer ici, les documents avec lesquels j’avais illustré ce travail. Il faut dire que chaque fois que je suis allée au San Carlo, celui qui occupait le fauteuil à côté de moi, c’était Arrigo Beyle. Il signait ses livres Stendhal. Il était tellement présent que ça pouvait poser des problèmes à l’autre celui en chair et en os qui m’accompagnait à Naples et ne comprenait pas très bien pourquoi je n’étais plus avec lui, soudain.
J’ai aussi travaillé comme assistante metteur en scène de Jean Mercure, alors directeur du théâtre de la Ville. Il montait Isabelle, trois Caravelles et un charlatan de Dario Fo. Isa Mercure préparait Ces Dames aux chapeaux verts. En fin de semaine, nous partions sur les bords de la Loire, Jean p^échait. Nous restions près de l’eau. Sa femme, la comédienne Jandeline, préparait les poissons, énormes, succulents qu’il ramenait à la maison.
A gauche, sur l’escalier du pont, Jean avec sa ligne, au milieu.
Ci-dessus, je suis debout.
Ci-dessous, dans la loge d’Isa Mercure, au Théâtre de la Ville (Isa à droite, moi à gauche).
Du Théâtre la Ville on a emmené Isabelle, Trois Caravelles et un charlatan, à Avignon. Jean avait loué un grande maison à Villeneuve-les-Avignon. Nous abattions un travail fou, plus heureux que des rois. Isabelle s’est rendue malade en dévorant des pêches sans les peler.
… après Paris, partout ailleurs, l’Amérique d’Henry Miller…
Avec Henry Miller, nous nous écrivions.
C’est incroyable, j’en étais à mon deuxième roman, il était le géant de la littérature américaine et nous nous écrivions. C’est à moi qu’il a donné son dernier entretien, l’un de mes premiers. Le Washington Post voulait le publier, mais Miller m’avait parlé en français. Ils ont reculé à l’idée de traduire leur Miller en américain. Le Spiegel a traduit en allemand. À Paris, alors que pas un des journaux dans lesquels j’écrivais n’avait voulu me commander un entretien avec Miller, que j’étais partie seule, juste pour le rencontrer, à mon retour, comme il mourait, ils se sont arraché mon article, ils me téléphonaient, c’était la surenchère, dis-moi ce qu’on te donne, je ferai mieux, mais moi, j’avais accepté de le donner au premier qui m’avait appelée et je m’y suis tenue. J’ai jamais compris qu’on signe des papiers, la parole suffit, ça devrait. Un jour, un grand monsieur de l’édition Christian de Bartillat m’appelle, il voulait que je passe de toute urgence chez Stock : il venait de publier mes Blanches années, nous l’avions lancé à Beaumanière, aux Beaux-de-Provence et nous avions oublié de signer un contrat ! L’argent ne m’intéressait pas beaucoup, hélas ça continue, de sorte que je lui cours après. C’était le bonheur fou, maintenant Stock a quitté la rue de l’Ancienne Comédie, c’était la maison où avait vécu Molière en face du Procope, et fait partie d’un groupe côté en bourse, la plupart des autres aussi d’ailleurs, je me souviens quand j’ai écrit Rodolphe II de Habsbourg et que Lattès m’a donné mon chèque c’était signé non plus Jean-Claude Lattès, mais Lagardère, Lattès s’était venu au fabriquant de bombes à billes.
Chez Miller, à Pacific Palisades, sa dernière maison.
Miller m’a donné ces deux photos de lui, ci-dessous :
Je n’en ai fait aucune. Il était mal. Cela m’aurait paru indécent.
En France, ils ont titré mes entretiens avec lui : « Mélancolie Miller », joli mais archi faux, Miller était tout sauf mélancolique.
Nous nous écrivions, à l’encre et à la main. Je lui avais dit que je reviendrais, aux prochaines vacances. J’ai su qu’il allait mourir quand j’ai reçu une lettre, sur son papier, tapée à la machine par son secrétaire.
… et, de l’autre côté de l’Amérique, la Pologne d’Andrej Wajda et Daniel Olbryschi
D’abord, la Pologne pour un reportage sur la littérature et le cinéma au Magazine littéraire et aux Cahiers du cinéma, et puis, plus tard, la Russie, la route de la soie. Jamais de tours organisés, toujours des livres dans la tête. J’avais la frousse en voyageant toute seule dans ces pays. En débarquant à l’aéroport de Varsovie j’imaginais que Daniel Oblryschi ait dérapé sur du verglas en venant me chercher et qu’il ne serait pas là. Il y était. Il m’attendait. Quand j’ai vu sa casquette, j’ai fait un bond de joie. Nous allions passer ensemble le réveillon. Sa femme m’avait dit qu’on s’habillait pour le Réveillon. Ça a été magnifique. On a mangé, on a bu la vodka maison, du feu, j’ai galopé avec eux dans la neige en robe du soir, fourrure et talons aiguilles, les hommes avaient tellement avalé de vodka que l’un deux confondait la la tête et la queue du cheval, ils s’y sont mis à trois pour le faire grimper, une fois en selle, il chargeait les reflets de la lune. Après, quand j’en invitais deux rue des Abbesses, ils débarquaient à quinze, jamais les rallonges de la table n’ont servi comme à cette époque. La première fois, j’avais été surprise, mais on s’était débrouillé pour manger tous. Les voisins m’ont dit qu’on avait fait du bruit. L’été, c’était l’été sur la terrasse devant la mer, les suites de Bach pour violoncelle seul ne dérangeaient personne. À Paris, juste une fois, il y a eu une soirée épinette. Montmartre à l’époque, c’était vraiment la Bohème, crasseux, prostituées et travelos plein la rue, des cabarets d’où sortaient des rixes et Miller : »Il existe toujours ce petit café en bas de chez vous où je venais me souler la gueule ? » Ah, Millier, maintenant, restaurants à touristes l’un sur l’autre et Kooples et Gudule et Clark’s etc, comme partout sur la planète.
Ci-dessous les cahiers du cinéma, mars 1980, à droite Wajda (photo d’archive).
Ci-dessus, mes photos de Daniel Olbrychky, à gauche à Versailles, à droite, chez lui en Pologne.
Ci-dessous, deux de mes planches contact. C’était l’époque de l’argentique.
On s’amusait, c’est certain. On travaillait. Daniel Olbryschi parlait déjà cinq ou six langues et il apprenait encore une pour se doubler lui-même dans Le Tambour, je montais un festival du cinéma polonais en Bretagne pour l’été, j’écrivais, des articles, des livres. L’année Olbychski c’est celle de mon deuxième roman, Les Blanches années.Je faisais aussi de la photo pour illustrer mes articles. Les journaux étaient contents. Je les donnais pour rien pour échapper aux clichés d’archives. Sigma m’en a pris, certaines ont paru dans dans le Fig Mag, des clichés uniques de Volkoff à la chasse, à Macon, Georgia. J’ai jamais touché un sou.
Je ne sais pas si je regrette ce temps, un peu certainement. Les voyages c’était l’aventure, les rencontres c’était l’amitié. On avait les cœurs ouverts, les maisons aussi. J’aimais ça, la jeunesse.
La suite, à venir
Un jour, je vais continuer de raconter ma vie, mais je suis surtout occupée à la vivre, des pans entiers s’en vont dans mes livres qui me racontent et qui me cachent. Les deux en même temps.