J’avais déjà écrit une dizaine de romans, avec toujours des héros masculins quand un éditeur m’a dit : Vous n’allez jamais écrire sur une femme? Ah, tiens, c’est une idée ! je vais écrire sur un couple, un chapitre sur elle, un chapitre sur lui, tout le livre bâti avec cette alternance. Et ce couple ce sera? Charlotte Corday et Marat !

Ci-dessus, la couverture de Charlotte Corday,
Albin Michel, 1988.
Charlotte Corday s’est très bien vendu en librairie, d’autant qu’en même temps je publiais un livre polisson chez Lattès, Les Jupons de la Révolution.

Ci-dessus: couverture des Jupons de la Révolution,
Lattès, 1988.
Ils ont fait une énorme publicité sur Les Jupons. J’avais signé en même temps pour le livre et pour l’adaptation sur Canal + et M6, ils ont tourné je ne sais combien d’épisodes. Marie Trintignant jouait Charlotte Corday, Richard Borhinger, Marat. J’étais conseillère historique pour les films. On discutait à perdre haleine. La projection privée m’a fait un choc. Charlotte Corday se prélassait sous la douche et portait un déshabillé qu’on avait dû récupérer de La Marquise des Anges. Théroigne de Méricourt, enfermée dans son donjon, trempait dans une baignoire. Mais la baignoire, c’est pour Marat, dans la prison de Théroigne, il y avait peut-être une bassine pour se débarbouiller, pas sûr. J’étais blanche de colère. Je comprenais pourquoi ils n’avaient jamais accepté que je mette les pieds sur le tournage. Le lendemain, j’étais dans le bureau de Nicole Lattès, je ne pouvais rien faire, sauf une chose : exiger qu’on retire mon nom du générique. Comme ils ne m’ont pas donné les cassettes, qui se vendaient en piles dans tous les supermarchés, je ne sais pas s’ils l’ont fait.
Il s’est passé encore une drôle d’histoire avec les Jupons. Une Universitaire avait soutenu une thèse sur moi à Gênes, elle m’appelle un jour de Rome pour me féliciter. De quoi? De la traduction en italien de mes Jupons. En Italien, Il corpo di Mariana.
J’ai demandé pourquoi je n’avais pas touché un sou de cette traduction, contrairement à ce stipulait mon contrat. J’attends toujours la réponse.
Je m’arrête aujourd’hui , mais je reviendrai sans doute ici, pour continuer.
Le 6 juillet 2020
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Depuis que Jaqueline Dauxois a dit de moi, « J`ai une lectrice . . . « je voudrais mieux mériter cette référence en obtenant d`autres de ses livres à lire. Puisque Charlotte Corday était disponible pour Kindle, j`ai eu très vite le privilège de rencontrer cette jeune femme avec son ennemi choisi, Marat. En présentant les recherches bien documentées, Mme Dauxois transforme les faits historiques en une expérience personnelle de ses deux personnages. L`emploi soigneux de leurs mots illumine leur pensée. Enfin, je rends à Charlotte Corday toute l`admiration qu`elle cherchait, en dépit de la tragédie–que son acte n`a pas eu l`effet qu`elle espérait. Pour moi, ce livre évoque mes émotions en face des Événements de Mai 1968 au Quartier Latin ou bien la division politique qui menace mon pays aujourd’hui. Et maintenant je dois vraiment faire face au sujet de la terreur. Amazon dit que Le Mémorial des Anges Oubliés arrivera chez moi en février.
Madame Gatewood, puis-je vous appeler Merle ? et vous dire à quel point je suis touchée par la finesse, remplie de bonté, de vos analyses et de savoir que, grâce à vous, mes livres arrivent à Oklahoma City ?
Jacqueline
Je veux bien que vous employiez mon prénom, mais j`ai appris que les français ne trouvent pas très agréable cet oiseau noir qui siffle. Ma mère croyait avoir choisi un nom français; elle n`en savait rien, mais tout ce qui était français lui paraissait élégant. Donc je vous propose le surnom que j`ai choisi au lycée à Philadelphie et que seules mes amies de cette époque emploient toujours–Merrie. C`est un moi convenable–celle qui rêvait d`étudier en France, celle qui a vu Lakmé et appris à chanter les airs d`opéra, celle qui serait assez folle d`écrire en français à une écrivaine française et maintenant de l`appeler Jacqueline. Merci! –Merrie
J’aime énormément les merles, moi ! Les merles siffleurs, les merles moqueurs me ravissent. Un été, j’en avais presque apprivoisé un qui venait chaparder mes fraises sous mon nez et s’en allait… à pied, sans même prendre la peine de s’envoler! Et, en plus, il se retournait pour voir ma tête, la fraise dans le bec! Cependant, je crois comprendre que vous appeler Merrie me place parmi vos amies, alors, très volontiers, Merrie.
Bonjour,
Sur des sites de livres , lorsqu’on cherche la Justine édité au éditions hachette ( bibliothèque verte ).
Il y a l’auteur Laurencie ( Jacqueline Dauxois ) de notifié .
Ma question : est-ce bien vous ?
Merci pour votre retour
Rémi D.
Cordialement
C’est moi. A l’époque, il était très mal vu qu’un auteur littéraire écrive pour les adolescents. Depuis, la série a été rééditée aux éditions du Triomphe sous mon nom.
Que sont les bibliothèques oubliées?
Bonjour,
merci de votre réponse et merci pour ces histoires que j’ai aimé lire.
Les bibliothèques oubliées est un site ( création personnelle ) qui liste tout les livres de chez hachette jeunesse des années 76 et 80 pour les Collections : bibliothèque verte, bibliothèque rouge et poche rouge que j’ai en ma possessions.
Cordialement
Rémi D.
Publié en 1982, L`exil est ma patrie, est une œuvre sans catégorie qui préserve les efforts d`une écrivaine, Jacqueline Bruller (qui a plus tard repris le nom Dauxois) de faire connaître aux lecteurs, à travers leurs entretiens, Vladimir Volkoff, un écrivain de réputation internationale. J`étais surprise d`en trouver une critique en anglais publié en Oklahoma par un professeur de Vanderbilt, Luigi Monga. Il a dit (justement et je traduis) « Nous devons être reconnaissants à Bruller pour avoir amené Volkoff à parler franchement sur lui-même . . .« (World Literature Today, Vol. 58, No 1, Winter 1984. p. 63). Aujourd`hui, si on veut goûter l`esprit de Volkoff, trouver ses idées par rapport à certains de ses personnages, et même voir de bonnes photos, on ne trouve que ce livre.
Mais le livre révèle aussi la jeune Jacqueline Bruller, intelligente et vive, toute attention, qui captive cet écrivain intéressent d`une cinquantaine d`années, au point qu`il veut bien répondre à ses questions et même adresser certains sujets parce qu`elle les propose. Toutes les heures partagées–de conversation, de rire ensemble, de marcher, de manger et de boire, –ont établi une amitié respectueuse et agréable des deux écrivains, une amitié dont ce livre reste un mémorial charmant.
La quantité de romans de ces deux auteurs rendrait sans espoir un lecteur qui voudrait les assimiler tous. Mais de ce livre on peut mieux comprendre comment Volkoff a influencé les œuvres de Jacqueline Dauxois et même comment les deux écrivains ont réussi à écrire un roman ensemble (Alexandra publié en 1994). De plus, on aurait raison de croire que l’écrivaine française a influencé l`écrivain français avec l`âme russe.
Par exemple, avant ce livre, Volkoff croyait que « le public doit s`attacher aux œuvres et non à ceux qui les concoctent« (L’exil p. 218). ¨Ça fait penser à la théorie soutenue par la Nouvelle Critique contre nous les lecteurs qui s`intéressent à la vie de l`auteur. Mais quand Volkoff parle d’éviter « la confusion entre l`homme et l`écrivain« , Jacqueline le taquine : « Parfait ! Pour demain, vous me préparerez deux paquets de Vladimir, l`homme d`un côté, l`écrivain de l`autre, je ne veux pas risquer de me tromper. C`est l`écrivain que je veux. « (L`exil p. 147). Après l`achèvement du livre, Volkoff dit finalement : « j`accepte . . . que les lecteurs voient en moi non seulement un artiste mais un homme« et puis il prononce une vérité profonde– « aimer, c`est vouloir connaître« (L`exil p. 220). Même si c`était tout ce qu`il avait tiré des heures passées avec Jacqueline Bruller, ce serait beaucoup.
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Ailleurs sur ce site, Jacqueline Dauxois commence à nous parler de sa vie d`écrivaine. « Ma biographie« dit-elle, « ce sont mes livres. Ils sont moi et je suis eux. « Image juste en théorie. Mais pour les lecteurs, heureusement, elle remplit aussi Facebook et son site de ses commentaires et photos. Ainsi, en partageant ses opinions, ses déplacements, et ses activités, elle continue la révélation d`elle-même qui était si agréable dans les Quatre Saisons. Autrement, pourrait-on vraiment la reconnaître dans ses œuvres de fiction ?
Elle assure que dans ses livres, `Des pans entiers s`en vont . . .qui me racontent et me cache – les deux en même temps. « C`est vrai qu`on peut l`apercevoir dans ses livres récents, (Le Roi David, Le Mémorial, Les Nouvelles) mais pour la connaître mieux, il faut aussi lire Lambert , ou l`effet Compton. (J.-C Lattès 1988 disponible pour Kindle), un roman écrit après ses entretiens avec Vladimir Volkoff.
En 1985, Volkoff a publié Le Professeur d`histoire, roman court ou le professeur Foncrest trouve sa vie bouleversée par un fils qu`il ne connaît pas et une jeune femme attirante. Pour moi, l` intrigue ironique et la personnalité centrale du prof réussissent pleinement. J`ai l`impression que Volkoff essaie de se cacher moins que normal et de se moquer un peu de lui-même. Les autres personnages, surtout les femmes, me semblent sortir d`un dessin animé pour donner un peu de légèreté aux grands thèmes si chers à Volkoff.
En 1988, Jacqueline Dauxois a publié Lambert, roman court raconté par un professeur de grec et latin qui trouve sa vie bouleversée par un fils égoïste qu`il connaît peu et par une jeune fille trop attirante. En employant la même prémisse que Volkoff, l`auteur se cache très peu derrière son personnage de prof, se moque d`elle-même, et adresse les thèmes qui lui sont chers. C`est un jeu dans lequel elle a créé un œuvre très individuel où elle démontre sa vision, son style, et son propre talent d`écrivaine. Son histoire se déroule d`une façon délicieuse. Ses descriptions enrichissent chaque scène. Son humour fait rire. Ses listes illuminent. La psychologie et les motivations se comprennent. Volkoff a dû apprécier ses efforts parce quelques ans après, ils ont écrit ensemble le roman Alexandra qui combine leurs deux talents si différents.
Lambert m`est surtout fascinant parce que Jacqueline Dauxois se met dans son personnage le prof, tout en l`inventant comme un homme. Comme ça, la personnalité de l’auteur se manifeste partout–son côté historien, ses goûts dans l`art, la littérature, et le musique, les liens avec la famille au Sud, son attachement à Paris, ses promenades, les plaisirs et les difficultés d’enseigner, la peur de la violence, le besoin d`agir, la recherche des conditions correctes pour travailler, la joie et la solitude dure de l`écrivain, la valeur des amitiés, de l`amour, et de l`espoir. . . Enfin, si on voudrait rencontrer Jacqueline Dauxois dans un de ses livres du passé, on peut la retrouver avec plaisir dans Lambert. C`est un jeu bien joué.
Et vous habitez Oklahoma City ! Quels chanceux vos compatriotes. Et que je suis chanceuse aussi d’avoir une lectrice telle que vaus.