« Cold War » ( Zimna Wojna) de Pawel Pawlikowski

Toutes les couleurs du noir et blanc

  

Cold War ( Zimna  Wojna) de Pawel Pawlikowski.
Avec Joanna Kulig (Zula) qui a été l’interprète de Ida, sorti il y a quatre ans, et Tomaz Kot (Viktor).

Cannes a consenti le prix de la mise en scène à Cold War qui aurait dû être récompense par la Palme d’Or 2018.

Un chef d’œuvre. Du cinéma qui raconte sans discours à travers l’image, les plans séquence, la voix, la musique, les « cuts », les noirs. Des cadrages étonnants, des éclairages superbes, un noir et blanc somptueux, l’utilisation de la danse, du chant, de la musique poussée jusqu’au sublime dans une fusion paroxystique du son et de l’image.

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L’Auberge des trois Empires de Nicolas Saudray





Nicolas Saudray, qui vient de publier aux éditions Michel de Maule L’Auberge des Trois Empires, son treizième roman, est aussi dramaturge, auteur de pièces qu’on aimerait voir à Paris. Une carrière publique ne lui permettait pas vraiment de signer des romans, de sorte qu’il a mené une carrière de grand commis de l’Etat en parallèle avec celle d’écrivain. Cet auteur secret, amoureux d’un château-fort qu’il a passé une partie de sa vie à restaurer et à protéger des éoliennes, navré que les cigognes n’y viennent plus nicher, cet homme d’une culture universelle, maniant un humour qui peut devenir cinglant, qu’on rencontre aussi bien aux générales d’opéras contemporains que sac au dos sur les sentiers de grande randonnée du Mercantour ou de l’Himalaya, on ne l’approchera jamais de si près qu’en lisant ses livres.

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ALCHIMIA de Patricia Petibon au 70 e Festival de musique de Menton

Teint de porcelaine poudré de lune, paupières scintillantes d’une poussière d’étoiles, cheveux incandescents torsadés dans un bandeau couronnant son front pâle, Patricia Petibon s’approche du piano sur le parvis de Saint-Michel-Archange dans une longue robe de satin et dentelles d’un rose qui hésite entre saumon et corail et la moule dans un écrin intemporel.

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Le Requiem de Verdi, traduction, analyse et interprétation du 27 septembre 2019, à la Philharmonie de Varsovie

Roberto Alagna, répétition du 25 septembre 2019.

Introduction

 LETTRE DE VARSOVIE

Dans le vol Paris-Varsovie, j’ai traduit le Requiem de Verdi, dans lequel je n’arrivais pas à entrer ; c’est si sensible un mot, peut-être que chacun a besoin des siens sur ce type de texte. La traduction littérale est obscure, qu’est-ce que ça veut dire : « que le porte-étendard saint Michel les introduise dans ta sainte lumière »? Il y a un risque d’obscurité dans ce cas. Il est exact d’évoquer la lumière éternelle, mais c’est une expression abstraite, au contraire, en évoquant une lumière sans déclin, vous avez beau être prévenu puisque « sans » précède « déclin », vous le voyez et il vous illumine, ce soleil d’or rouge qui, au lieu de disparaître derrière l’horizon que vous aimez, reste suspendu au milieu de la voûte céleste pour ne plus jamais se coucher. Donc il y a des passages à éclaircir, des choix à faire et même des ajouts. Traduire Marie, sans ajouter Madeleine, alors qu’il est question de la pécheresse, induit d’autant plus en erreur que Verdi fait entendre des accents d’Ave Maria à ce moment. Cela fait, il reste des expressions rebelles à toute traduction, même s’il existe des traductions. La cadence royale des jumeaux grecs : « Kyrie eleison » et « Christe eleison », sonne avec tant de grandeur qu’on les comprend mieux et avec une autre intelligence si on leur épargne la platitude du Seigneur prends pitié. Traduit-on de l’hébreu « amen » et « hosanna » ?

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Alexis Khomiakov : « Le Dimanche Lumineux »

De Noël à Pâques, de Dickens à Khomiakov, la métamorphose d’un texte.

En 1843, Charles Dickens publie à Londres une nouvelle pour la jeunesse : A Christmas Carol in prose being : A Ghost Story of Christmas.
L’année suivante, en Russie, Alexis S. Khomiakov traduit le texte, ou plutôt, l’adapte. Il faut attendre 2019 pour qu’il paraisse en français pour la première fois, sous le titre : Le Dimanche Lumineux (éditions Apostolia Junior, 2019). La couverture inspirée d’Ivan Kuleff (1) ne raconte rien, mais explique tout : Christmas Carol est un livre pour la jeunesse, pas Le Dimanche lumineux

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