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C’est La Bohème à ne pas manquer, si on n’assiste qu’à une seule dans toute sa vie, c’est celle de janvier 2020 qu’il faut voir, au Metropolitan Opera de New York, avec Roberto Alagna.
Parce que Roberto Alagna.
C’est La Bohème à ne pas manquer, si on n’assiste qu’à une seule dans toute sa vie, c’est celle de janvier 2020 qu’il faut voir, au Metropolitan Opera de New York, avec Roberto Alagna.
Parce que Roberto Alagna.
Ci-dessus : Roberto Alagna, concert Caruso, le 6 février 2020.
Deux concerts au Théâtre des Champs-Elysées, le 15 juin 2009 et le 6 février 2020, et un CD publié en 2019, défi au temps et à la mort, concrétisent de manière charnelle l’impossible rencontre de deux ténors de légende séparés par l’abîme d’un siècle.
Sans qu’aucun d’eux n’en soit informé, le second n’étant pas né encore, leur histoire commence la nuit où, devant le Metropolitan, Caruso, debout sur sa voiture, a chanté le Lamento de Mario pour ses fans qui n’avaient pas trouvé de place. Dans cette foule qui acclamait le plus grand ténor du monde, il y avait Antonietta et Jimmy, son mari, deux Siciliens de New York, les arrière grands-parents d’un bébé qu’on baptiserait Roberto lorsqu’il viendrait au monde dans la famille Alagna.
Lire la suiteLES TROIS CALAF DE ROBERTO ALAGNA
De Caruso à Puccini
Il était Caruso au Théâtre des Champs-Elysées à Paris il y a trois semaines à peine. On s’imaginait le retrouver en Calaf à Vienne. C’est Puccini qui surgit sur les planches du Staatsoper (1). Héros de la double incarnation de cette Turandot, Roberto Alagna n’en est que plus troublant quand il retrouve, dans un miroir qui renvoie de l’image du compositeur à celle de l’interprète, au Prince Inconnu de la légende chinoise.
Lire la suiteParis, 2017.
DANS LE MONDE CONFINÉ, LA MUSIQUE LIBÉRÉE
À la suite de la Corée du Sud, qui avait refusé le confinement, l’Angleterre et les Pays-Bas le refusent à leur tour tandis qu’en France les mesures se durcissent.
Hier, dimanche 23 mars 2021, sur la Côte, où on a instauré un couvre-feu, un drone surveille la Promenade des Anglais, tandis qu’à Montmartre des policiers à cheval arpentent le marché de la rue des Abbesses. Nous sommes les habitants de villes mortes plongées dans le silence.
Mais le soir, dans le XIème, où vécut Georges Thill, un ténor ouvre ses fenêtres et chante pour ses voisins et des orchestres utilisent le système des vidéos conférences pour continuer de jouer.
Roberto Alagna en Mario, Metropolitan Opera, 2013.
22 août 2020
MARIO
Combien de fois il l’a chanté, il ne le sait pas, mais depuis le début de sa carrière, Roberto Alagna a été Mario dans plusieurs mises en scènes exceptionnelles. On peut citer :
En 2000, un film, sous la direction de Benoît Jacquot, avec Angela Gheorghui.
À Orange, en 2010, avec Catherine Naglestad, soprano américaine, la mise en scène était signée Nadine Duffaut.
Alors qu’on attend son prochain Mario à l’Opéra de Paris, en mai 2021, avec Aleksandra Kurzak, pour sa prise de rôle de Tosca, le Met, à sa vingt-troisième semaine de retransmissions, a diffusé, le 17 août 2020, le spectacle enregistré le 9 novembre 2013.
De tous les Mario légendaires de Roberto Alagna, il y en a un qui compte en particulier pour moi, celui du ROH, celui qui a décidé de mon livre, celui que je raconte au chapitre 2 de la saison I de mes « Quatre Saisons avec Roberto Alagna », celui-là, l’Unique entre tous les uniques dont il me semble parfois que je ne sais plus rien :
« L’être irréel, qui vient saluer entre les plis immenses, n’est que sueur, pâleur et tremblements, jambes brisées, lèvres exsangues, bouche desséchée, halètements, blessure. Il s’incline profondément, comme pour toucher ses bottes de son front. Ses cheveux basculés lui cachent le visage… »
Les retransmissionsCovid du Metropolitan
Le 24 juin 2020.
En juin 2020, Orange aurait dû préparer le troisième Samson de Roberto Alagna pour le 10 juillet. Sans Elīna Garanča, mais mis en scène par Jean-Louis Grinda, ce qui permettait d’espérer le meilleur. À cause du covid-19, le spectacle est reporté à l’année prochaine. Le 24 juin 2020, le Met a retransmis le spectacle enregistré le 20 octobre 2018.
Lire la suiteLe 6 mai 2020, le Met a doublé les séances de rediffusion en donnant Madama Butterfly (enregistré le 2 avril 2016) avec Roberto Alagna et Kristine Opolais (sa partenaire aussi dans Manon Lescaut). Destiné aux étudiants, aux professeurs et aux parents, le spectacle était précédé d’un entretien À la Maison avec Roberto Alagna, qui a répondu à des questions d’élèves. Ils ont eu de la chance, les petits Américains, de voir ce Pinkerton inégalable et d’entendre le ténor lui-même leur en parler (à retrouver sur YouTube).
C’est une illusion, mais c’est une illusion qui est véritable.
Roberto Alagna
Deux civilisations
Tout sépare Cio-Cio San, la petite Japonaise, orpheline de quinze ans, et Pinkerton, jeune officier de la marine américaine. Un entremetteur les réunit. Il leur organise un mariage à la japonaise, qui inquiète Sharpless, le consul américain, car ce qui est un jeu amoureux pour Pinkerton, représente le salut pour Cio-Cio San, dont le père a été contraint de se faire hara-kiri.
Lire la suiteLÉDA ET LE CYGNE
Elle est païenne et vieille de quelques millénaires, la première image d’un cygne qui a marqué l’imaginaire collectif. C’est celle du Zeus grec, devenu le Jupiter romain, mari volage qui séduisait des vierges par des tours de magie. Il n’avait pas de préjugés et à l’occasion, changé en aigle géant, il enleva aussi un berger adolescent, Ganymède. Mais sa préférence allait aux tendres jeunes filles qu’il violait utilisant des métamorphoses inaccessibles au plus retors des sorciers. Trois d’entre elles ont inspiré des peintres parmi les plus grands,- ce qui a perpétué leur souvenir à travers les siècles.
Jupiter enleva d’abord la nymphe Europe. Ayant pris l’apparence d’un taureau doux et docile, il l’emporta à travers les mers et l’engrossa de celui qui devint le roi Minos. Commémorant cette agression, le platane, depuis, en oublie de perdre sa ramure.
La deuxième, Danaé, princesse d’Argos, gisait au fond d’une prison où l’avait enfermée son père à la suite d’une de ces prédictions dont se délecta l’Antiquité annonçant que le fils de sa fille le supplanterait sur le trône. Pour approcher l’inapprochable, Jupiter se changea en pluie d’or. Persée naquit de cet accouplement plus fantastique encore que le précédent.
Rubens, Léda et le cygne.
Enfin, ce fut Léda, fille d’un roi de l’Étolie que le dieu des dieux païens approcha changé en cygne. On ignore si Danaé accoucha d’une bourse géante qui contenait Persée, mais on sait que Léda pondit un œuf d’où sortirent les jumeaux Castor et Pollux.
Concert Covid aux Chorégies d’Orange, « nuit magique ».
Spectacle diffusé le 1° août 2020 par la 5.
« L’art ne s’arrête pas, on ne peut pas arrêter la musique. »
Roberto Alagna.
LUI : LES LARMES DES ÉCRANS
La « nuit magique » des Chorégies d’Orange, version Codid-19 de l’an 2020 a été conçue à la gloire de Roberto Alagna. On y voit, intégré au montage final, en plus des airs enregistrés pour la retransmission du 1° août, une projection de son Recitar (extrait de l’opéra complet Pagliacci donné avec Cavaleria Rusticana) et O souverain, extrait d’un concert, car il n’a pas chanté Le Cid en entier à Orange.
Le spectacle, à l’intérieur duquel il a construit le sien, avec Aleksandra Kurzak, a été enregistré dans un hémicycle désert. En deux arias et un duos, il illustre ce qu’il a dit un moment plus tôt :
« L’art ne s’arrête pas, on ne peut pas arrêter la musique ».
Les retransmissionsCovid du Metropolitan
14 juillet 2020
AVANT DE COMMENCER
Alors, ça continue, les stades rouvrent, les raves parties sauvages, on peut s’y entasser de toute la France, pendant des jours et des nuits d’affilé, sur les plages, les gigots coutumiers rôtissent au cuisse à cuisse , cafés et restaurants sont entassés à boire et se goberger, comme si Pompéi leur tremblait sous les pieds, il y a des concerts publics, même classiques, mais les festivals, quand ils n’ont pas annulé, jouent à huis clos, le courageux petit Favart a rouvert, louant une place sur deux et exigeant le masque, mon Dieu, trois heures d’Opéra avec un masque sur le nez, je ne tiendrai jamais, j’aurais l’impression de ne pas entendre, ça bouge un peu côté musique, bouche à bouche aux grands noyés ; mais lui, le plus grand ténor, quand on le reverra, on n’en sait rien ; sa Carmen au Stade de France reportée aux calendes, son premier Lohengrin cet hiver à Berlin, on n’en sait rien. Il est vrai qu’il faut le protéger. Si le public se masque ; lui, qu’est ce qu’il va faire ? Duos d’amour à distance sanitaire ? Tout le monde crâne et tout le monde vit un cauchemar.